Entre ce que l'on voit sur les réseaux et la réalité, il y a un fossé. Voici ce que tu dois savoir avant de t'installer dans une tiny house à l’année.
LOUER UNE TINY HOUSE À L’ANNÉE : RÊVE OU UTOPIE ?
#mindT’es sûrement déjà tombé.e sur une photo d’une tiny house en bois. Souvent, on y voit une jeune femme emmitouflée dans un plaid tout doux, tasse de café à la main, en train de contempler à travers les grandes fenêtres de sa moderne cabane, une vue de calme et de vert.
Je lâche mon premier like sur une photo d’une tiny house il y a trois ans, quand je découvre le concept. L’algorithme m’en propose alors d’autres, toutes plus belles les unes que les autres.
J’ai commencé à en rêver la nuit. Un microchalet dans les bois près de la mer, loin du bruit des voitures, si c’est pas le bonheur ça.
Et puis l’opportunité a pointé son nez. Je cherchais un logement au pays basque pour les mois de mai et juin, et une petite tiny house se libérait. A cinq minutes en voiture d’une dizaine de spots de surf, mais en pleine campagne, avec une vue pas loin sur les Pyrenées. Alors je me suis lancée, avec mon copain. C’est parti pour deux mois de “tiny house living.”
Ça sent bon le bois mouillé. Tout est en bois massif de chêne, légèrement ambré ; le sol, les murs, les portes, les meubles et le plafond. Dès l’entrée dans la cabane, le passé des propriétaires se révèle à travers les divers objets qui occupent les étagères : on voit bien leur amour pour le surf et le voyage, avec des bricoles ramenées d’un peu partout : une gravure des îles Mentawai, un panier en jute de Namibie, de la vaisselle marocaine, avec ses jolies nuances de bleu…
Malgré l’espace restreint (18m²), les grandes fenêtres qui s'ouvrent sur un écrin de verdure donnent une (petite) impression de grandeur. Parfois, on voit même des biches au loin.
L’espace salon/cuisine est fonctionnel, avec des trappes de stockage cachées un peu partout. Des banquettes en angle servent de canapé-lit, avec une table modulable au milieu, que l’on relève avec une grosse corde fixée au plafond. On est comme dans un bateau, entourés de bambous.
En haut, une petite mezzanine. Un lit deux places, et une fenêtre qui donne sur le ciel.
Dehors, un saule pleureur et sa balançoire. Chaque fois que j’ouvre la porte du jardin, je me prends pour une fée qui danse avec les mèches de cet arbre majestueux ; les écartant de droite à gauche pour me frayer un passage parmi elles. Une table sur la terrasse et quatre chaises permettent d’accueillir quelques amis quand il fait beau.
Ici, il n’y a pas de bruit de route. On entend les oiseaux, les abeilles et les vaches.
Mon moment préféré, c’est le matin. Le soleil est doux, l’air est frais. Les oiseaux chantent.
Écouter le chant des oiseaux est pour moi une sorte de méditation auditive. En faisant mon café à l’italienne, j’écoute. Tout s’arrête. Soudain, c’est moi la fille de la photo. Emmitouflée dans mon plaid, tasse de café à la main, je contemple une vue de calme et de vert.
Bon, ça fait rêver, non ?
Je t’arrête tout de suite. Ça fait deux mois que j’habite dans cette tiny house. Et j’en peux plus. Vraiment. C’est à vouloir s’en arracher les cheveux. Je vais t’expliquer pourquoi.
C’est fou comme on raconte n’importe quoi sur les réseaux sociaux. J’en suis coupable. Moi avec mes stories, en train de me pavaner dans mon jardin, de filmer mon café qui chauffe dans ma cuisine très instagramable. Et bien en fait, je n’ai qu’une envie c’est de partir d’ici.
Au début ça allait. Puis la pluie est arrivée. Dix jours de suite. Sans s’arrêter. N’importe qui péterait un câble, même dans une grande maison. Mais dans une tiny house, t’imagines même pas. C’est un carnage mental. Il n’y a pas de place pour bouger. T’es recroquevillé.e sur toi-même à essayer de trouver une position confortable pour lire, travailler ou regarder la télé. Tout est trop…”carré”. Tu t’assommes les orteils dans tous les coins. Les vêtements débordent de partout parce qu’il n’y a pas d’armoire. Impossible de sécher quelque chose à cause de l’humidité. Tes combinaisons de surf sont vouées à être trempées tout le mois de mai.
Et puis tu passes des heures à chercher un truc. Les clés, ton pyjama, le chargeur. Quand c’est petit, bizarrement, tu perds tout. Tu vois plus rien. C’est la caverne d’Ali Baba. Du coup, vivre dans une tiny house, c’est passer son temps à chercher et à ranger.
Et quand il fait beau alors ?
Le bonheur, tu me diras. On peut chiller dans le grand jardin, bronzer au calme, siroter son jus de fruit au soleil.
Si j’avais su…
Si ta tiny house est près d’une ferme avec des vaches et que tu comptes y passer tout l’été, fuis. Ça vaut pas le coup, vraiment.
Dès que tu mets le pied dehors, t’es attaqué.e par une centaine de mouches. Elles te collent au cul comme des sangsues. Armé.e de ta raquette électrique, tu éléctrifies trois mouches d’un coup de bras, et les voir se tordre de douleur entre les grilles t’apporte une étrange sensation de bien-être. En même temps pendant tout ce fiasco, tu t’es fait bouffé.e dix fois par les moustiques.
Le soir, toutes sortes d’insectes gluants envahissent la cabane. Il y en a partout. Dans tes fringues, chaussures, oreillers. Ça laisse des traces de bave. Charmant.
Tu vas me dire, mais des insectes, il y en a partout en campagne. C’est pas faux. Et pour quelques jours, c’est totalement tolérable. Mais quand tu vis à plein temps dans une cabane à deux, et que tu ne peux plus aller dehors… La frustration est de trop.
Pourquoi j’ai renoncé à vivre dans une tiny house
C’est fou comme notre moral et bien-être peuvent être impactés par notre environnement. Pourtant, tous les éléments étaient là pour que je passe deux mois de bonheur. La nature, le calme, des vagues pas loin, un aperçu de montagne, et juste ce qu’il faut pour profiter de la vie. Mais j’ai taillé mon expérience autour d’attentes préconçues. Et souvent, pour ce genre d'endroit que l'on a trop vu sur Instagram, elles sont démesurées. Car on ne voit pas "the big picture" sur les réseaux. On voit ce que les gens veulent montrer.
Cette histoire me rappelle un endroit aux Azores. Une cascade à Furnas. Toutes les photos (les miennes incluses) montrent un endroit magique, niché au milieu de la jungle et des volcans. Dans l'eau, ma sœur est seule, entourée de plantes et d’arbres centenaires.
Mais ce que les photos ne montrent pas, c'est la meute de touristes qui attendent leur tour derrière les barrières. En fait, le lieu est cloisonné, et chacun prend une photo à la queue le leu, ou des centaines de selfies quand ils vont se baigner au pied de la cascade.
En fait, j’ai renoncé à vivre dans une tiny house car elle ne me permettait pas de faire les choses qui comptaient pour moi, contre toute attente. Mais c’est justement là le problème : je lui en ai trop demandé à cette petite cabane. J’attendais trop d’elle, et j’ai donc été déçue au retour.
Comment éviter la déception en voyage et dans la vie quotidienne ?
En gérant nos attentes. Des autres, de nous-même, et de nos expériences.
Quand un.e ami.e nous dit, "Va voir cet endroit, il est génial", ou “Essaye ça, ça va te changer la vie", on s'attend à avoir le même ressenti, les mêmes résultats. Mais souvent, on vit quelque chose de différent. Peut-être qu'on aura chopé une infection et qu'on sera cloué.e au lit — tout un parcours de circonstances façonne notre chemin de vie. Ce moment "génial" qu'on attendait tant se réduit donc à une envie pressante de partir.
Pour moi, j’avais romantisé l’envie de vivre dans une tiny house. Je pensais qu’être dans un tel endroit me permettrait de me recentrer, de réfléchir, de prendre soin de moi. Peut être que j’aurais eu une meilleure expérience si je l’avais acceptée telle quelle : une simple cabane pour me dépanner deux mois. Et pas un sanctuaire de calme et de paix.
Quand on ne pose aucune attente avant de vivre une expérience, on reste ouvert.e à toute possibilité. Et au lieu d'être déçu.e, on accepte simplement l’épreuve et tout ce qu'elle nous offre de positif comme de négatif. On remercie notre ami de ses conseils, mais on s'en arrête là. L'expérience, je la prends comme elle est, sans pression ni prétention.
Vivre sans attentes, c'est un peu la liberté. C'est accepter tout ce que la vie nous donne comme une opportunité de grandir et d'apprendre. Mon voyage en backpacking en solo me l’avait déjà bien montré. Dommage, j’avais zappé...
“Vivre sans attentes, c'est un peu la liberté. C'est accepter tout ce que la vie nous donne comme une opportunité de grandir et d'apprendre.”
Vivre dans une tiny house à l’année : petit guide pratique
Combien coûte une tiny house en France ?
Malgré l’espace restreint, les prix des tiny house sont plutôt élevés. Il vaut mieux parler avec les propriétaires directement plutôt que sur Airbnb. Au pays basque, les locations de tiny house sont autour de 2000€ le mois sur Airbnb. En direct, tu peux t’en sortir pour moins de 1000€, charges incluses.
Si tu souhaites acheter une tiny house au pays basque, compte entre 150 000 et 300 000€ pour une tiny house de 20m² sur une parcelle de terrain d’au moins 100m² (mais les prix fluctuent beaucoup donc cette estimation n’est peut être plus d’actualité).
Que faut-il savoir avant de louer une tiny house ?
Vivre dans un espace restreint mérite quelques changements d’habitude.
Si tu travailles en remote : il y a rarement des chaises ou de bureau dans une tiny house. Pour ma part, j’ai eu le dos en compote rapidement à cause de l’impossibilité de travailler dans une position confortable. Il vaut mieux bosser dans un coworking ou un café pour préserver ta posture !
Si tu comptes rester plus d’une semaine en tiny house : emmène le strict minimum avec toi. Plus une tiny house est encombrée (d’objets, vêtements, chaussures...), plus c’est l’enfer.
Si tu choisis une tiny house en campagne : assure-toi qu’elle ne se situe pas près d’une ferme où il y a des vaches ou des chevaux pour éviter mouches et odeurs. Après, si c’est pour un weekend ou quelques jours, ça vaut quand même le coup.
Meilleures locations de tiny house en France
Bon, tester la vie en tiny house c’est quand même sympa. Tu trouveras ici une selection de tiny house en France qui mériterait d’y passer un weekend ou une semaine.
pour passer le temps ︎