La première ascension

Il fait froid. Nous sommes à 4800 mètres d'altitude. La montée est rude et raide. Nos poumons gonflent faiblement, tristes du peu d'air qui les entoure. Qu'est-ce qui nous pousse à continuer l’ascension ?

La montagne, c'est toujours un challenge personnel, une aventure qui nous aide à aller plus loin, à supporter la douleur physique et mentale, car ce qu'elle nous offre en retour, tout au bout, vaut tout l'effort du monde.

Une randonnée en haute montagne est une métaphore parfaite du chemin de la vie. La marche est ponctuée d'obstacles, de sentiments de joie et de peur, de persévérance et de courage. Et on poursuit la route malgré les obstacles, car on sait qu'il y a quelque chose qui nous attend, là-bas, là-haut, quelque chose de beau, qui nous fait vivre, qui nous fait marcher de plus belle.

Parenthèse ensoleillée le matin du deuxième jour. La pluie nous a rapidement rattrapés dans la journée.

Photos : Judith (@judithodm)

Découverte de Carhuacocha et du Laguna Sotteracocha

Réveil à quatre heures du matin. On enfile nos chaussures gelées (il pouvait faire jusqu’à moins dix degrés la nuit, et la rosée du matin déposait une fine couche de glace sur nos affaires), et on commence la deuxième ascension. Mes pieds sont frigorifiés malgré de bonnes chaussettes et j’avance péniblement, les yeux rivés au sol. Mon guide a des chaussettes en coton Nike toutes fines. Ça ne semble pas lui poser problème.

On souffle comme des buffles à chaque montée, mais lui, né dans le creux de cette chaîne de montagnes, à 4300 mètres, a un corps adapté aux conditions et grimpe avec élégance - des pas sûrs, rapides et puissants.

Je lui ai demandé s'il souhaitait vivre plus bas un jour, à Huaraz - ville qui bourdonne de monde et de couleurs. Il m'a dit, “ici, il y a la vue, mon père, mon cheval, et de la truite. Tant qu'il y a de la truite, je suis content”.  

On arrive dans son “village” : quatre huttes dans un champ près d’un lac au pied d’un glacier. Sa maison est sommaire : un sol de terre battue, une simple cheminée dans une maison de hobbit en pierre avec un toit de chaume, un matelas de paille sur un lit taillé dans la roche. Une chaise, une table, rien de plus. Pas d'armoire. Pas de cuisine. Juste ce qu’il faut pour survivre.

Il pêche de la truite avec un bâton et un asticot accroché au bout d'un fil, tel un Robinson Crusoé des montagnes. Il fabrique quatre cannes à pêche rustiques, et on s’y met tous. En trente minutes, il attrape une dizaine de truites. Et nous, pas une !

Face au Mont Yerupajá, 6635m

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Les monts enneigés s'étalent à perte de vue. Il ne fait pas beau, mais tout est splendide. Les roches noires et ocres semblent avoir été taillées en fines lamelles aiguisées, déchirées par des rivières de glace éternelle. Tout en bas, un lac bleu turquoise, immobile, éblouit la noirceur des falaises qui l'entourent. Le reflet du sommet danse sur le bleu pur.

Essoufflés, nous contemplons en silence ce tableau merveilleux.

Le dernier jour

Ne voir personne d'autre que notre guide et mes trois compagnons de trek m'a donné un sentiment profond de liberté. Comme si pendant quatre jours, nous étions seuls au monde. On a en effet croisé aucun être humain sur notre chemin, à part le dernier jour. Et ce dernier jour a été un cadeau, car il a fait beau, enfin ! Un coucher de soleil comme je n'en avais jamais vu, une explosion de lumière sur les sommets, un dîner dehors, sans poncho !

On rencontre d'autres randonneurs qui venaient de terminer la boucle de quinze jours de la cordillère Huayhuash. Ils nous racontent leur périple (difficile) sur les sommets à 6000 mètres sous la neige et le vent, sans guide, avec tout sur le dos. J’admire leur courage.

On contemple tous ensemble le ciel s’enflammer. Tout est rouge orangé - les nuages, la rivière, le glacier.

Il est vingt heures. Une poussière d’étoiles épouse les sommets, le ciel semble tout près. La lune éclaire le paysage tel un film en noir et blanc, un souvenir radieux se forge dans ma mémoire. J’enfile mon sac de couchage. J’écoute le silence imperturbable de la vallée. Une pointe de nostalgie enveloppe mes pensées. J’aimerais bien rester quelques jours de plus ici. Mais je m’accroche à ma prochaine étape : le surf, bientôt de retour sur ma planche. Où je sais que je retrouverai ce même sentiment de plénitude et de bien-être. Sous la tente, sur ma planche, au sein des montagnes, ou de l’océan.

“Tout est rouge orangé - les nuages, la rivière, le glacier.”

Comment faire le trek de 4 jours à Huayhuash au Pérou ? Petit guide pratique

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Quand faire le trek de Huayhuash?

Le meilleur moment pour faire le trek de 4 jours de la Cordillère Huayhuash est de mai à septembre. Mais tu vas croiser beaucoup de randonneurs sur ton chemin, ce qui pourrait rendre l’expérience moins...épique.

Je recommande de faire ce trek hors saison, soit au début, soit à la fin de la saison des pluies au Pérou. Voici pourquoi :

Beaucoup de gens nous ont dit de ne pas aller à Huayhuash en avril, principalement à cause du temps imprévisible et des fortes pluies. J’ai eu du mal à motiver des gens à rejoindre mon petit groupe (une amie rencontrée sur la route et moi), car il fallait qu’on soit au moins quatre pour partir. Heureusement, on a rencontré deux randonneurs courageux pour venir en solo avec nous, et on a pu sécuriser à la dernière minute un guide local avec une agence locale, Huayhuash Adventures.
 

La météo à Huayhuash en avril

Il pleuvait beaucoup l'après-midi, mais il faisait toujours beau le matin. On commençait donc à marcher vers 4 heures du matin et on se couchait très tôt (vers 19 heures).

Malgré le temps glacial la nuit, nous n'avons pas eu froid sous la tente car on avait apporté des sacs de couchage supplémentaires.

Petite erreur de ma part : je n'avais pas de chaussures de randonnée imperméables - j'avais avec moi une paire basique de chaussures de trail Salomon. J'ai regretté de ne pas avoir apporté une paire de bottes de randonnée en cuir ou des chaussures GoreTex pour ce trek, ou d’en avoir loué une à Huaraz. Nous n'avons eu qu'un seul jour de grand soleil (le dernier jour) ; mes chaussures étaient trempées pendant tout le circuit de 4 jours.

Bon, le temps était globalement pourri, mais on était vraiment seuls dans la montagne : nous cinq, dans des paysages vastes et infinis. On a croisé d'autres randonneurs à la toute fin du trek, vers Llamac. Et rien que pour ça - cette sensation luxueuse de se sentir seul(e) au monde - ça vaut la peine de faire le trek Huayshuah en avril plutôt que pendant la haute saison.

💡Si tu souhaites faire le trek Huayhuash en avril, apporte des vêtements chauds et plusieurs paires de chaussette en laine.

Est-ce que le trek de 4 jours de la cordillère Huayhuash est difficile?

J'ai trouvé le trek assez facile, mais l'altitude et la météo ont rendu certains passages compliqués. Mais j’ai des années d'expérience en randonnée en montagne. Je ne recommanderais donc pas aux débutants en randonnée de faire ce trek en avril ou de faire les circuits plus longs, qui peuvent aller jusqu’à quinze jours.

Passage serré : ne pas trébucher !

Comment s’acclimater à l’altitude avant de faire le circuit Huayhuash ?

Une semaine avant de partir, j'ai fait trois randonnées de cinq heures pour m'habituer à l'altitude. Je suis restée sept jours à Huaraz avant de commencer le trek.

Pendant le trek à Huayhuash, je n'ai pas ressenti le mal des montagnes, même lorsqu’on a campé à plus de 4500 mètres et franchi des passages à 4800m. J'ai dormi comme un bébé.

💡Petite astuce pour s’acclimater à l’altitude : Un jour, un homme d’Amazonie m’a dit, “Prends un caillou au bord de la route, rince le et mets le sous ta langue avant de commencer ton ascension. Ça va t’aider avec l’altitude.” Je l’ai testé à plusieurs reprises, avec des amis, et même ma mère. Ça a marché. C’était peut être psychologique. Ou une histoire de minéraux. Mais bon, tu perds rien à tenter le coup ! Fais bien attention à rincer le caillou avant.

Combien coûte le mini trek Huayhuash de 4 jours? Quel budget pour ce trek ?

Nous sommes partis avec Huayhuash Adventures, une agence de voyages locale à Huaraz. Le "mini Huayhuash trek" de 4 jours coûte environ 100€, et comprend les repas, les transports aller-retour de Huaraz à Llamac et le matériel de camping (tentes, sacs de couchage, tapis...). Le matériel lourd est transporté par des mules qu’on a rarement croisées sur la chemin.

Pourquoi choisir l’agence locale Huayhuash Adventures pour faire ce trek de 4 jours ?

Notre guide est né dans la vallée de Huayhuash, près du glacier. J’ai adoré visiter sa maison et entendre parler de sa vie dans le creux de cette chaîne de monts majestueux. D'autres agences plus populaires à Huaraz n'avaient pas de guides qui venaient de la vallée de Huayhuash, et les groupes de personnes étaient souvent plus nombreux.

Les repas étaient excellents, cuisinés par notre guide. Au menu : truite fraîchement pêchée dans la vallée, riz, pâtes, soupes et légumes frais.

Que mettre dans son sac à dos pour faire le circuit de Huayhuash en avril ?

Voyage léger et prévois des couches de vêtements pour te protéger du froid. Tu devras porter tout ce que tu emportes avec toi pendant toute la durée du trek, à part les gros équipements (tente, sac de couchage...).

Nous avons laissé nos gros sacs à dos dans une auberge de jeunesse à Huaraz et n'avons emporté que l'essentiel dans un sac à dos de 25 litres:

☒ Une housse de pluie pour ton sac à dos
☒ Une polaire chaude
☒ 2 T-shirts anti-transpiration ou en laine mérinos
☒ Des chaussettes en laine mérinos (4 paires si tu n’as pas de chaussures de randonnée imperméables)
☒ Des chaussures de trail ou, si tu en as emmené pour ton voyage en sac à dos, des chaussures de randonnée en cuir/GoreTex avec un bon maintien de la cheville
☒ Un pantalon de randonnée
☒ Un legging de sport
☒ Un pyjama chaud (ça caille la nuit)
☒ Une veste imperméable et coupe-vent
☒ Un chapeau et des lunettes de soleil
☒ Un bonnet (tu en trouveras plein à Huaraz)
☒ Une petite écharpe ou un cache-cou
☒ Une gourde (avec un filtre à eau comme celle-ci si tu veux goûter l'eau fraîche de la vallée)
☒ Trousse de toilette : crème solaire, crème hydratante, baume à lèvres, huile d'arbre à thé pour désinfecter les petits bobos éventuels, savon biodégradable et dentifrice bio.

Je ne me suis pas douchée pendant le trek (il a fait très, très froid et il pleuvait l'après-midi).

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