Devenir backpackeuse, ou le choix de guérir: from burnt out to burning to live
Un témoignage
Le corps, puissant révélateur d'un besoin de changement ?
Insomnies, courbatures, maux de dos, maux de ventre constants, fatigue, allergies... je n'avais pas de maladie déclarée, mais je me sentais malade, constamment. Pourtant, je faisais du sport, du yoga, je mangeais sainement. J'avais quelques intolérances alimentaires qui pouvaient expliquer certains symptômes, certes, mais malgré tous mes efforts, je me sentais rarement bien. Mon médecin m'avait sorti deux mots, courant 2018 : "burn out". Puis m'a prescrit tout un tas de somnifères, anti-acides et autres pilules qui n'ont fait qu'aggraver mon état.
Lors d'un voyage en Inde du Sud, à Varkala, tous ces symptômes ont disparu. J'ai redécouvert comme par magie un corps fort et en bonne santé, en quelques jours seulement.
Je ne me lassais pas du temps qui poursuivait doucement son chemin. Je dormais mieux. Je n'avais plus mal au ventre. Certes, j'étais en vacances. Mais notre corps doit-il être fonctionnel uniquement lorsque nous sommes en vacances ? Par "fonctionnel", je veux dire capable de tenir une journée sans devoir s'écrouler d'épuisement la nuit venue... et de pouvoir s'endormir lorsqu'il n'en peut plus. Le changement radical du fonctionnement de mon corps entre Paris et l'Inde, en quelques jours seulement, m'a prouvé que mon mode de vie à Paris ne lui convenait absolument pas.
À mon retour, j'ai donc essayé d'adopter un lifestyle encore plus sain, pensant que cela aiderait mon corps à garder sa bonne humeur indienne. Mais malgré de bons amis et leur support, le yoga, le sport et tous mes efforts alimentaires, mes symptômes sont revenus de suite une semaine après mon retour - et violemment cette fois︎
Le corps et le mental sont intimement liés.
Si à l'intérieur je ne me sens pas bien, mon corps ne se sentira pas bien. Et si je refoule des sentiments forts, mon corps me le fera comprendre à travers des petits maux qui s'intensifient dans la durée. Plus je refoule mes sentiments, plus mon corps rétorque en multipliant les symptômes physiques. Lorsque je suis en vacances, j'ai le temps de faire des choses qui me passionnent, je lâche prise. Je permets à mon corps de lâcher prise également. Le corps et l'esprit s'unissent alors.
Lorsque que je retourne à mon train-train quotidien que je n'aime pas forcément, que je ne trouve pas le temps de faire des choses que j'aime, je transmets des ondes négatives à mon propre corps, qui lui aussi du coup, devient malheureux, et contre-attaque.
J'ai découvert que ces symptômes relevaient en fait d'une grande frustration intérieure, refoulée depuis plusieurs années. Je n'étais pas en train de faire ce que j'avais envie de faire dans ma vie. Mon environnement quotidien, et même mon joli appartement que j'adorais, m'étouffaient.
J'ai besoin d'air frais, de mouvement, de beauté, de nature, de liberté, de sens. Et je n'arrivais pas à trouver cet équilibre à Paris et dans mon travail. J'étais donc profondément frustrée, frustrée de ne pas trouver de sens à ce que je faisais, frustrée d'être scotchée à une chaise qui m'épuisait car immobile, frustrée d'aller aux mêmes soirées tous les weekends, frustrée de devoir tant contrôler mon alimentation pour me sentir mieux que je ne pouvais plus rien manger. Ces symptômes douloureux que j'avais, c'était un message puissant que mon corps me donnait. Change de vie ! Si je continue, il va s'écrouler.
“Le corps parle. Le corps nous montre le bon chemin.”
C'est pour cette raison que j'ai fait ce long voyage. Partir, en tant que backpackeuse en solo, c'était pour moi une preuve d'écoute, de respect de ce corps qui me soutient dans toutes mes aventures. Ce long voyage, c'était pour me permettre de guérir de l'intérieur. J'ai quitté mon travail, mon appartement, mes amis, pas pour m'échapper, mais plutôt, pour que mon corps et mon esprit se retrouvent et s'unissent pour pouvoir vivre, ressentir, s'ouvrir aux autres, apprendre et découvrir.
Pendant mon long voyage de 185 jours, je n'ai pas eu d'insomnies (malgré des conditions de sommeil parfois catastrophiques !) et je n'ai eu que quelques rares maux de ventre (qui relevaient plutôt d'un morceau de poulet douteux). Je n'ai pris aucun médicament et tous mes symptômes ont disparu, sans exception. N'est-ce pas là le signe d'une guérison qui vient du plus profond de moi-même ? La réponse à mes questions ? Il va falloir que j'attende quelques mois pour en avoir le cœur net !
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Fast forward to 2021
De retour en France depuis maintenant presque deux ans, j'ai découvert plusieurs choses :
- Dès que je ne donne plus assez de temps aux choses qui me font du bien (créer, surfer, faire du sport, rendre service, rencontrer des gens, passer du temps dans la nature...), quelques symptômes réapparaissent. Je les reconnais et les accepte. Ces symptômes s'effacent dès que je m'efforce à faire les choses qui me font du bien, malgré l'emploi du temps parfois serré de la vie quotidienne rythmée par le travail. Pas de cause médicale donc, mais bien mentale !
- Mon besoin de voyager est constant, et l'apogée du télétravail a été pour moi la meilleure nouvelle de mes six dernières années professionnelles, faisant de moi une backpackeuse nomade. Mais j'aimerais lier chaque voyage à un certain impact positif local, à un niveau social et environnemental - j'ai découvert une envie grandissante d'engagement, à travers mon travail et mes passions, envie que j'essaye encore de définir. C'est mon objectif principal pour tous mes prochains projets : comment m'engager, sans sacrifier le style de vie auquel je suis tant attachée ?
- J'ai tendance à voir tout en noir très facilement. Les rituels aident à changer rapidement le cours négatif de nos pensées, à devenir plus tolérant envers ce qui nous arrive dans la vie, à s'ouvrir aux autres. Mais il faut de la volonté pour les intégrer. Une fois adoptés, ils sont très faciles à pratiquer de manière ponctuelle (ou quotidiennement pour les warriors) - et leur efficacité est redoutable !