Le dernier jour
Ne voir personne d'autre que notre guide et mes trois compagnons de trek m'a donné un sentiment profond de liberté. Comme si pendant cinq jours, nous étions seuls au monde. On a en effet croisé aucun être humain sur notre chemin, à part le dernier jour. Et ce dernier jour a été un cadeau, car il a fait beau, enfin ! Un coucher de soleil comme je n'en avais jamais vu, une explosion de lumière sur les sommets, un dîner dehors, sans poncho !
On rencontre d'autres randonneurs qui venaient de terminer la boucle de quinze jours de la Cordillère Huayhuash. Ils nous racontent leur périple (difficile) sur les sommets à 6000 mètres sous la neige et le vent, sans guide, avec tout sur le dos. J’admire leur courage.
On contemple tous ensemble le ciel s’enflammer. Tout est rouge orangé - les nuages, la rivière, le glacier.
Il est vingt heures. Une poussière d’étoiles épouse les sommets, le ciel semble tout près. La lune éclaire le paysage tel un film en noir et blanc, un souvenir radieux se forge dans ma mémoire.
J’enfile mon sac de couchage. J’écoute le silence imperturbable de la vallée. Une pointe de nostalgie enveloppe mes pensées. J’aimerais bien rester quelques jours de plus ici. Mais je m’accroche à ma prochaine étape : le surf, bientôt de retour sur ma planche. Où je sais que je retrouverai ce même sentiment de plénitude et de bien-être. Sous la tente, sur ma planche, au sein des montagnes, ou de l’océan.